Le Marathon de Santiago ( le «MDS»)
Après une minute de silence en mémoire des victimes du tremblement de terre d’Iquique (8.2 ° sur l’échelle de Richter) nous nous lançons, dans le brouillard, dans cette matinée automnale mais anormalement froide, pour les 42km du Marathon de Santiago. J’avais peur d’avoir trop chaud mais pas d’avoir froid.
La MDS est un événement jeune et ambitieux. Il s’agit de la 8éme édition et c’est déjà la manifestation sportive la plus massive du Chili et un des principaux marathons d’Amériques du Sud. 25.500 coureurs (dont 3000 étrangers de 50 nationalités – et en particulier 1250 brésiliens) répartis en trois courses. Trois courses, trois ambiances différentes : joyeuse pour le 10 km (10 mille participants), décontractée pour le semi (11 mille), et sérieuse pour le marathon (4700).
Certifié par l’IAAF en 2008 et labélisé bronze depuis 2012, les organisateurs ont la double ambition de monter en gamme (passer en catégorie argent par l’amélioration de l’organisation et la qualité du plateau élite) et surtout d’en faire une fête populaire (gros efforts de communications dans la presse, des sponsors…)
A 8h20, le départ est donné pour les marathoniens place de la Cuidadania en face du palais présidentiel de la Moneda. Le MDS, c’est une boucle qui traverse 7 des 37 communes de Santiago, on débute par l’hétéroclite et cosmopolite Santiago Centro pour ensuite rejoindre la festive Providencia, puis la traditionnelle et résidentielle Nuñoa, la contrastée Peñalolen, la familiale et verdoyante La Reina, la bourgeoise et pragmatique Las Condes, la très chic Vitacura puis revenir vers Santiago Centro en traversant à nouveau Providencia.
Nous commençons par une descente jusqu’au 4éme km où il faut se retenir, puis nous enchainons sur une montée de 28 km. C’est un long faux plat quasiment invisible sauf pour le corps qui, lui, le ressent très bien. Heureusement, qu’il ne fait pas chaud, il y a des ravitaillements d’eau tous les 5 km jusqu’au 15éme puis tous les trois à compter du 18éme. Et du monde pour nous encourager au moment important. Bémol, seulement deux ravitaillements en nourriture sont prévus et il s’agit de gel. Par chance, c’est ma marque préférée. Au semi, je suis dans les temps et à 11 kilomètre du début de la descente jusqu’à l’arrivée. Au 22éme, nous suivons le tracé d’Americo Vespucio (le periph’ local), il s’agit d’une longue ligne droite de 9km dont la pente est plus prononcée. Sur les deux premiers kilomètres, nous sommes séparés de la circulation mais au niveau du 24Km, le périphérique rejoint l’Avenida Ossa et là on est obligé de courir sur une huit voies dont une nous est réservée. Ce n’est pas génial de courir à côté des pots d’échappements. Mon rythme baisse. Normal je suis dans la partie la plus dure. Je ne m’inquiète pas. Je remarque un panneau m’indiquant que j’avais parcouru les deux tiers de mon objectif. Au 30éme, je commence à percevoir les premiers signes de fatigues. Pas grave, il en reste deux avant la descente. Ca y est on est au 32km! Le brouillard c’est levé, nous tournons le dos à la cordillère et au soleil, et la pente est dans le bons sens. Je peux accélérer sauf qu’au bout de 200m mon rythme s’écroule. Je ne n’ai plus de gaz, plus d’énergie, je suis vidé. Le mur, je ne pensais pas le vivre dans ce sens-là. Un spectateur dit de lever la tête, et d’apprécier la splendide vue. Il a raison, magnifique panorama sur le parc del Bicentenario au premier plan, puis sur Sanhattan (le quartier des affaires) en second plan, et au loin on devine le Cerro San Cristobal. Au 36éme, je marche pendant quelques mètres, un coureur me rappelle à l’ordre, il ne faut pas s’arrêter. Je repars et je sens une douleur au pied droit que je décide d’ignorer. Au 37éme, toujours à plat, mais mentalement cela va mieux, je reconnais le chemin. Je termine en me donnant comme objectif de rattraper un coureur devant. Ce que je réussi à 1 km de l’arrivé. Je passe la ligne soulagé en 3h41’38’’ en temps réel. Je pensais m’effondrer, je sens la fatigue mais pas de grosse douleur. On me passe la médaille au tour du cou, je prends des fruits, et je retourne à l’appart-hôtel que je dois libérer rapidement, prends une douche, et repars heureux pour Valparaiso. Le lendemain matin je me rends chez le médecin, j’ai attrapé froid.
Le vainqueur, Beracki Beyene, un Erythréen, a passé la ligne d’arrivée en 2h11’50’’ à 7 secondes du record. Chez les femmes c’est la Kenyane Emily Chepkorir qui a gagné en 2h35’.
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